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CDSE : sans éthique, la sécurité devient liberticide

décembre 2013 par Emmanuelle Lamandé

Dans notre société numérique moderne, la sécurité devient de plus en plus intrusive et la surveillance des individus toujours plus prégnante. Certains citoyens en oublient même peu à peu les valeurs éthiques fondamentales, au profit d’une « meilleure protection ». Toutefois, comme l’explique Alain Juillet, Président du CDSE, à l’occasion du colloque annuel du Club, une sécurité sans éthique s’avère dangereuse et liberticide. D’ailleurs, pour le CDSE, la sécurité et l’éthique sont non seulement conciliables, mais également consubstantielles.

L’éthique d’entreprise ne se limite pas seulement à la pratique quotidienne de règles, mais passe également par l’appropriation de ces valeurs par les salariés, souligne Alain Juillet, Président du CDSE. Elle passe par le partage de comportements loyaux et responsables, et doit s’inscrire dans les règles et lois de la République. Chaque salarié doit se sentir citoyen de son entreprise, ce qui impose à la fois des droits et des devoirs.

Toutefois, dans notre société actuelle, les pratiques liberticides se multiplient et nous faisons peu à peu oublier aux citoyens leurs valeurs au profit d’intérêts de quelques structures et groupes de pression. Pour lui, la disparation de ces valeurs, à terme, serait même, dans un tel schéma, programmée.

La sécurité et l’éthique sont-elles conciliables ?

Le chercheur Zygmunt Bauman estime que les deux ne sont pas conciliables. Le renforcement de la sécurité de la société accroît la surveillance des individus, et la sécurité devient de plus en plus intrusive, d’où le phénomène de rejet sécuritaire. L’actualité semble donner raison à ce penseur. Sous couvert de lutter contre le terrorisme ou autre menace, les Etats sont prêts à réduire la zone de libertés individuelles. Le syndrome PRISM affecte à la fois les Etats, mais aussi les grandes entreprises, qui renforcent la protection afin de limiter les risques.

Curieusement, la posture de ces entreprises et de ces Etats n’est pas pour déplaire à certains citoyens. Selon une étude américaine, les citoyens estiment que les deux principales menaces auxquelles ils sont aujourd’hui confrontés sont le terrorisme et les cyberattaques. Et pour lutter contre ces menaces, ces mêmes citoyens sont prêts à quasiment tout accepter, à partir du moment où on leur dit « On vous protège ».

Le constat du CDSE est tout à fait autre. En effet, pour le CDSE, la sécurité et l’éthique sont non seulement conciliables, mais également consubstantielles. L’une ne va pas sans l’autre. Sans éthique, les fondements mêmes de la société ne sont ni respectés, ni opérationnels. Dans un tel scénario, la sécurité devient liberticide. D’autant que sans confiance, les individus ne peuvent pas vivre ensemble.

« La sécurité est l’affaire de tous »

Plusieurs axes de travail sont, pour le CDSE, à privilégier quant à ces problématiques :
 Définir le corpus d’exigences pour créer une situation de sûreté éthique. Il s’agit ici de dresser un état des lieux de la situation juridique et de déterminer de quelle manière cet état des lieux pourra être utile. Ne faudra-t-il pas, en outre, simplifier ce corpus pour qu’il soit plus performant.
 Réfléchir à la manière de changer la façon de faire de la sécurité. En effet, la sécurité ne consiste pas seulement à mettre en place des contrôles et à discriminer les individus. Dans un monde numérique, la sécurité doit être ouverte, transparente et inclusive. « La sécurité est l’affaire de tous » ne doit pas seulement rester un slogan. Elle doit être coproduite par les experts du domaine, mais aussi par les individus eux-mêmes. D’autant plus qu’une entreprise qui développe sa sécurité sans prendre en compte les individus créera, à coup sûr, du ressentiment.
 Se pose, enfin, la question de la gouvernance de la sûreté et de la sécurité. A quel niveau doit-être positionnée l’éthique ? Doit-il y avoir un responsable de l’éthique ? Faut-il que cette tâche soit laissée au responsable de la compliance ? Pour lui, il s’avère essentiel que ces fonctions soient rattachées au plus haut rang de la hiérarchie de l’entreprise et qu’elles entretiennent des liens étroits. En outre, les directions sécurité et sûreté ne peuvent pas non plus être juges et parties. Il faut un contre-pouvoir, afin d’éviter toute dérive.

La sécurité dans l’entreprise peut et doit être éthique. Nous devons aujourd’hui convertir notre regard et réintroduire de l’humain dans l’espace collectif. Pour le CDSE, la sécurité et la sûreté doivent se mettre au service de l’éthique, conclut-il.


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