5 bonnes pratiques pour coder responsable
février 2024 par Matthieu Lopez, expert JS de la Wild Code School
Le numérique est au centre de toutes les préoccupations sociétales. Futur du travail, automatisation des tâches, nouveaux modes d’échange et, bien-sûr, empreinte carbone. Car, oui, le numérique a un coût environnemental. Revenons sur les bonnes pratiques à adopter pour coder responsable et créer un numérique plus durable.
Le numérique représente aujourd’hui 3 à 4% des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde et 2,5 % de l’empreinte carbone nationale, selon l’Arcep. Si le chiffre paraît modeste comparé aux secteurs industriels ou textiles par exemple, c’est la croissance qu’il faut regarder de plus près. Selon le rapport de la mission d’information sur l’empreinte environnementale du numérique du Sénat, les émissions du numérique devraient largement augmenter dans les prochaines années, sauf nouvelles mesures mises en place. Ce serait ainsi une croissance de 60% d’ici à 2040, soit 6,7 % des émissions de gaz à effet de serre françaises. 5 règles d’or pour « coder responsable. »
Soigner son algorithme
Un programme informatique est un ensemble d’instructions et de données représentées par un algorithme. Celui-ci est un calcul mathématique qui a une fonction précise : trouver un mot dans un dictionnaire en est un parfait exemple. Plusieurs méthodes sont possibles. Commencer par le premier mot de la première page et éliminer les occurrences une à une. Une autre méthode, beaucoup plus efficace, consiste à ouvrir le dictionnaire en deux et à repérer les pages les plus pertinentes. Ces deux méthodes pourraient être modélisées par deux algorithmes différents. Cela étant, il est aujourd’hui impératif de privilégier l’algorithme le plus efficace, c’est-à-dire celui qui dépensera le moins de ressources et qui nécessitera donc moins de puissance de calcul pour effectuer sa tâche.
Respecter le RGAA
L’accessibilité des sites web est rarement une priorité pour les développeurs. En témoignent les chiffres : près de 97% des sites internet présentent un défaut d’accessibilité numérique dès leur page d’accueil. Ce qui signifie que seuls 3% d’entre eux seraient aujourd’hui accessibles aux personnes en situation de handicap, selon le Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées. Le RGAA (NDLR : Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité) est souvent « passé à la trappe », soit qu’il demande un temps de développement supplémentaire... (et donc de l’argent !), soit, plus simplement, par manque patent de sensibilisation au sujet. Il n’existe pourtant aucune excuse puisque le RGAA regroupe toutes les bonnes pratiques comme l’adaptabilité de la charte graphique aux personnes atteintes de daltonisme.
Optimiser son stockage
Le premier réflexe, en réalisant un site, est de mettre en ligne des images, des vidéos et du son de très haute qualité. Or, les résolutions les plus importantes sont aussi les plus gourmandes en énergie ; car en plus d’être hébergées sur des serveurs, ceux-ci seront également téléchargés par les internautes. L’impact environnemental se voit ainsi démultiplié. Il s’agit donc d’optimiser le stockage de son site en utilisant les formats les mieux adaptés. Pour les photos par exemple, les meilleurs formats restent le JPEG ou le Webp qui gère la transparence et la compression de données.
Nettoyer son code
Pour (bien) développer un site web ou un programme informatique, il ne faut pas rester sur le besoin du client mais voir plus large et être critique sur le code produit dans l’optique de toujours l’optimiser. Parce qu’il est impossible d’anticiper la situation dans laquelle l’internaute se trouve en utilisant l’interface. Nettoyer le code est ainsi le premier prérequis pour favoriser l’accessibilité de son site. A titre d’exemple, les personnes malvoyantes ou aveugles utilisent des outils d’audiodescription qui lisent le code HTML ligne après ligne pour l’interpréter avec des mots. Il est donc crucial de soigner cet enchaînement en plaçant correctement les balises, comme les titres H1, H2 ou H3.
Alléger sa page
Une des premières erreurs de débutant consiste à surcharger son site web avec des animations provenant de librairies externes. Or, la page s’alourdit inexorablement en multipliant les éléments... et va solliciter d’autant plus le réseau, le navigateur et la machine de l’utilisateur, s’usant ainsi plus rapidement. Il ne faut donc pas utiliser à outrance les libraires externes si elles ne servent pas l’expérience utilisateur. En revanche, il est possible de mettre en place un système de cache qui va contenir localement les données du site pour limiter les requêtes HTTP sur les serveurs distants. Les échanges de données, en allégeant ainsi la page, seront limités et l’impact environnemental du site drastiquement réduit.